Bleu à la lumière du jour

de Borja Gonzalez

Dans le silence de la nuit, une jeune fille encapuchée dévale le parvis d’un château zébré de ronces. Elle se faufile dans les jardins, rejoint la forêt et s’enfonce dans l’obscurité. Bientôt égarée, Matilde aperçoit soudain une hirondelle bleue comme la lune, qui semble lui indiquer la sortie au-delà d’un petit lac. Trempée et muette, elle retournera alors dans ce château qu’elle avait fui, là où ne vivent depuis longtemps plus que les femmes de la famille, obnubilées par l’attente du retour des hommes partis à la chasse.

À son retour, Matilde sera condamnée à un sacrifice rituel et traversera dès lors sans un mot le fiel acharné de sa tante et de ses cousines. Parallèlement, elle subira l’animosité de sa sœur, oscillant entre amour et rage, impuissante face à la métamorphose catatonique de Matilde.

À première vue, le choix graphique de ne pas détailler les visages et les dialogues laconiques peuvent désarçonner le lecteur. Mais c’est ce qui fait la force de ce conte : laisser libre court à l’imaginaire et à l’interprétation de chacun pour nourrir les interstices. La conclusion de l’histoire laissera le lecteur dans un flottement contemplatif et l’incitera à la relecture, car c’est alors qu’on en saisit le sens et la complexité.

Borja Gonzalez nous offre un conte puissant, une ode au fantastique teintée de gothique. Dans ces pages au style graphique envoûtant, c’est Poe qui murmure, c’est Maupassant qui renaît, c’est notre rapport à la nature et à l’autre qui nous interpelle.

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La librairie sera fermée le samedi 24 février 2024.

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